Légende : L’intelligence artificielle domine régulièrement le cerveau humain.
L’intelligence artificielle fascine et inquiète à la fois. Le progrès technologique avance à un rythme tel que l’on peut raisonnablement se demander si les machines ne risquent pas dans un futur proche de nous rendre, nous humains, obsolètes. Les exemples dans lesquels les robots ont prouvé leur supériorité sur le cerveau humain ne manquent pas. Pourtant, et des études le prouvent, il existe encore de nombreux domaines dans lesquels nous possédons encore une ou plusieurs longueurs d’avance. Qu’en est-il du jeu ?
1997 : Deep Blue secoue les esprits
Pendant longtemps, seuls des cercles restreints de scientifiques et d’informaticiens ont perçu le potentiel extraordinaire de l’intelligence artificielle. Un concept dont les origines remontent pourtant aux années 50 aux travaux d’Alan Turing, le mathématicien britannique qui se demande alors si un ordinateur sera capable de penser. Les avancées techniques des décennies suivantes se succéderont sans que la majeure partie de la population ne réalise réellement ni les enjeux, ni les conséquences de celles-ci sur leur avenir. Il faudra attendre l’année 1997 pour que le grand public reçoive un premier coup de semonce. Dans un grand battage médiatique, l’ordinateur Deep Blue, conçu par IBM, domine dans une partie d’échecs le champion du Monde Garry Kasparov. Pour la première fois, l’intelligence artificielle surpasse l’intelligence humaine.
Ce ne sera que le début d’une série. En 2016, le programme AlphaGo, développé par Google DeepMind vient aisément à bout des meilleurs joueurs mondiaux de go, mettant en lumière les fabuleuses capacités d’auto-apprentissage de la machine et sa puissance de calcul. On se dit alors que la prochaine barrière à céder sera celle du poker.
L’intelligence artificielle est capable de bluffer
Contrairement à d’autres jeux de stratégie comme le jeu de go ou les échecs, le poker se joue sans que toutes les informations soient connues dès le départ et comporte une dimension aléatoire qui le rend plus difficile à maîtriser pour la machine. De plus, l’aspect psychologique de ce jeu fait que la décision de miser ou non n’est pas toujours basée sur des critères purement rationnels, mais sur une interprétation de ce que pense l’adversaire. En effet, et même selon de nombreux experts, rien ne laissait entendre que l’intelligence artificielle puisse bluffer. Pourtant, cela n’a pas empêché la machine Libratus, mise au point par des chercheurs de l’université de Pittsburgh, de battre systématiquement plusieurs joueurs de poker professionnels dès 2017, prouvant qu’elle pouvait comprendre et anticiper le comportement de ses adversaires humains.
Légende : En 1997 pour la première fois, la machine a vaincu un champion du Monde d’échecs.
Le bridge fait de la résistance
Mais c’est bien un autre jeu de cartes qui, comme le village d’Astérix face aux légions romaines, résiste encore et toujours à la poussée de l’intelligence artificielle : le bridge. Pour l’heure, et ce n’est pas faute d’avoir essayé, aucun programme informatique n’est parvenu à y dompter les meilleurs humains. Il faut dire que comme c’est le cas au poker, on n’y voit pas la main de ses adversaires et cette incomplétude d’information rajoute une grande part d’incertitude. De plus, le bridge possède des règles complexes avec un système d’enchères et, détail important, se joue par équipes. Autant de paramètres qui semblent donner beaucoup de fil à retordre aux machines. Mais les programmeurs de l’intelligence artificielle sont loin de baisser les bras. De nouveaux logiciels sont sans cesse à l’étude pour résoudre les équations les plus ardues et confirmer la suprématie des machines. Combien de temps leur faudra-t-il pour venir à bout de l’intelligence humaine ?
Un combat perdu d’avance ?
Des expériences similaires ont été effectuées sur le jeu de Monopoly, qui fait appel à d’autres facultés stratégiques, et notamment à la négociation. Elles ont montré que l’intelligence artificielle était également capable, à force d’analyse de données, de maîtriser une large palette de talents, à défaut de gagner à tous les coups. La bataille fait également rage sur le front des jeux vidéo les plus sophistiqués comme Dota 2 et StarCraft II où les joueurs en chair et en os sont encore capables de vaincre face à des bots de plus en plus aguerris. Pour la quasi-totalité des chercheurs, l’issue finale ne fait pourtant déjà aucun doute, et c’est bel et bien l’intelligence artificielle qui gagnera la guerre des jeux.